Argile sculptée et déstructurée
Le général inspecte le champ de bataille et réveille les morts. Le grand défilé peut alors commencer. « Nous sommes les gazés, à vos ordres ! Vive la patrie ! Nous sommes les enterrés vivants, à vos ordres ! Vive la terre de la patrie ! ». Et vive la patrie pétrie ! pourraient ajouter les soldats mutilés. Sur une table transformée en champ de bataille, Gilles Blaise et Yannick Pasgrimaud malaxent la glaise, comme des enfants jouent à la guerre. De leurs doigts agiles, ils façonnent la terre autant que le verbe du magnifique texte du dramaturge roumain Matéi Visniec. La chair à canon devient pâte à modeler pour rejouer la guerre des tranchées, le retour à la vie des poilus gazés, estropiés, pilés et l’omniprésence de la mort qui ronge… bien après la fin des combats.